Marseille est-elle une ville de gauche ?

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Cette semaine, une question entre deux tours.

Mélenchon à 31,12. 6,3 points de plus qu’en 2017. Le leader de la France Insoumise a remporté Marseille, devançant le Président sortant de 8,5 points. Il totalise 108 423 voix contre 92 555 en 2017. Le député de la 4e circonscription est le maître de la ville qu’il s’apprête à quitter. Et si, après tout, elle n’était pas devenue une ville de gauche ?

La municipalité est dirigée par une coalition PS-PCF-EELV et « société civile » depuis 2020. Si la campagne avait été confuse et la constitution du Printemps marseillaise incertaine, la clarification est venue avec le switch : les leaders des partis, hier honnis, ont repris la main. Le PS et ses alliés mènent la danse, au grand dam des Collectifs, de la gauche de gauche et d’une partie du collège citoyen rendu à ses chères études. La carte actuelle des circonscriptions figée en 2017 laisse portion congrue aux alliés du pouvoir municipal, mais la gauche est en bonne position pour ravir la 3e, la 5e et la 7e circo. à LREM et conserver la 4e. Et si les mandats de Jean-Claude Gaudin ne constituaient finalement qu’une parenthèse dans l’histoire politique d’une ville qui n’avait jusque là connu que le socialisme  municipal – à part, la brève expérience gaulliste entre 1947 et 1953 et le court intérim communiste à la Libération ?

Bien entendu, cette hypothèse est fragile. Elle néglige le fait que si Mélenchon a bien gagné Marseille, il réalise des scores plus faibles que dans d’autres capitales régionales : 40,5 % à Lille, 37% à Toulouse, 36,3% à Rennes, 33,1% à Nantes. Une hypothèses, surtout, qui ne tient pas compte pas du fait que lesdits mandats Gaudin ont duré 25 ans, un quart de siècle, une longue éternité, surtout vers la fin. Elle ne dit pas que la reine de Marseille est la présidente de la Métropole et qu’elle détient aussi le département. Que la Région est à droite. Que l’État…. On verra l’Etat plus tard. Elle oublie que la question n’a pas de sens parce qu’une ville de cette taille n’est ni de gauche, ni de droite, comme elle n’est ni riche, ni pauvre. Elle est divisée, voilà tout. Cette dualité est son propre : des quartiers populaires qui votent peu ou à gauche, des quartiers bourgeois qui votent peu ou à droite.

Et puis, surtout, que signifie « de gauche » à l’heure de l’irréconciliable ? À la minute où l’extrême-droite frappe à la porte de l’Élysée à grand coup de prétentions à représenter le vote « populaire » ? À la seconde où le Président sortant tient un meeting en tentant de greenwasher un second tour et qu’à quelques dizaines de kilomètres, sa concurrente fait le marché à Pertuis ? La gauche ? Quelle gauche ?