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Cette semaine, retour sur la grève des salariés de Derichebourg au prisme des relations entre la ville et la Métropole.
Les représentants de Force ouvrière et la direction de Derichebourg ont finalement trouvé un accord mettant fin à 14 jours d’une grève des ramassages des ordures dans les 2e, 15e et 16e arrondissements. Pour rappel, les salarié·e·s réclamaient la démission de dirigeants de l’entreprise qu’ils accusaient d’un management brutal. Dans un article publié en 2007 dans Marsactu, on apprenait que la Chambre régionale des comptes avait pointé les défauts de l’offre de l’entreprise pourtant choisie par la Métropole (voir aussi le fil consacré à ce sujet par le politiste Joël Gombin). Cette grève constitue la première épreuve qui teste et se faisant, révèle les relations entre la mairie et la Métropole en situation de cohabitation métropolitaine.
Retranchée derrière la justification d’un « conflit privé », la Métropole a jusqu’au bout campé un rôle d’arbitre. Une neutralité qui qualifie la place désormais dévolue à la collectivité locale dans une politique publique dont elle est pourtant compétente, mais privée. Le Président du Conseil du territoire de Marseille-Provence Roland Giberti (LR) qui en a la « charge » reconnaissait dès le début du conflit disposer d’une « marge de manoeuvre réduite ». Du côté de la mairie, la première à réagir fut l’ancienne maire des 15-16, désormais maire adjointe, Samia Ghali qui demande à la société Derichebourg – et non pas à la Métropole – de « prendre ses responsabilités ». Le maire de Marseille réagit dans un communiqué dans lequel il laisse planer le doute sur les destinataires de sa colère : à l’encontre des grévistes ? ou de la Métropole ?
Rappelons que la ville, dont ses habitant·e·s· sont pourtant première victimes, est dépourvue non seulement des moyens d’agit mais des compétences réglementaires. Il ne lui reste que les outils de la communication politique, qui, ici comme ailleurs, ne sont pas « que de la com’ ». Le maire explique mettre à disposition les services de la ville « au côté de la Métropole, si celle-ci en faisait la demande ». Nul besoin d’en arriver là : c’est sous son impartial égide que syndicat et direction aboutissent à un accord – favorables aux demandes des premiers. Alors qu’une position plus ferme aurait par exemple été se soutenir des salarié·e·s en lutte contre leur direction ou de critiquer les choix et les positions de la Métropole, le maire a fait le choix de la main tendue envers la Métropole. Augure-t-elle de sa stratégie dans les rapports de force avec le pouvoir d’agglomération ? Le maire a franchi cette première épreuve sans l’affronter. A n’en pas douter, il n’en sera pas de même des autres.