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Cette semaine, la construction métropolitaine aixo-marseillaise perd sa meilleure ennemie.
Entre ennui judiciaire et santé déclinante, Maryse Joissains-Massini tire sa révérence. Dans un curieux parallèle avec le switch marseillais, elle cède sa place à l’une de ses adjointes, sa fille, qui accède à la fonction sans avoir été élue. Chacun tirera son bilan en matière de développement et d’aménagement, mais elle restera aussi dans l’histoire comme la figure de proue de l’opposition à l’intégration métropolitaine.
Elle devient maire deux ans après le vote de la loi Chevènement relative au renforcement de la coopération intercommunale alors que les Bouches-du-Rhône constituent un territoire balkanisé en la matière. Les facteurs historiques sont connus : un découplage économique entre Marseille en perte de vitesse depuis les années 70 et son arrière-pays dynamique ; une opposition politique entre maires communistes et Gaston Defferre. Ainsi le territoire sera-t-il composé de six structures de coopération intercommunale autour d’Arles, d’Istres, de Salon-de-Provence, d’Aubagne, de Marseille et d’Aix. Significativement, cette dernière prend le nom de « Pays » qui renvoie à une catégorie administrative hybride consacré dans les lois Pasqua (1995), puis Voynet (1999), brandie par certains territoires comme une revanche contre un fait métropolitain alors balbutiant.
C’est sous la présidence Hollande qu’elle devient l’héroïne du combat anti-métropolitain, menant de son propre aveu une « guerre totale ». Elle multiplie les saillies contre les projets de loi Notre (2014) et Maptam (2015) jugées coupables d’organiser la mise en place d’une insupportable « monstropole ». Marseille dans la bouche de Maryse, c’est la métropole qu’elle assassine. Ne masquant pas son mépris contre ses élus accusés de mauvaise gestion et d’incurie, ni sa détestation des quartiers populaires, stigmatisés avec la pointe xénophobe qui a toujours sied à son électorat qui a fait son droit mais pas le deuil de l’Algérie française. Son courrier d’adieu à Martine Vassal constitue son codicille politique dont la réelle destinataire est son héritière, la nouvelle maire d’Aix appelée à reprendre le flambeau anti-métropolitain de sa mère. Dans sa première déclaration, elle a ainsi indiqué vouloir conservé son mandat de conseillère régionale « une merveilleuse construction, à la différence de la métropole » : le « renouveau dans la continuité », pour reprendre sa drôle d’expression. De son côté, Maryse Joissains a décidé de conserver son mandat de présidente du conseil de territoire de pays d’Aix, et n’a pas précisé pour l’heure si elle conservait sa fonction de vice-présidente de la métropole.