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Cette semaine, les confusions de la présidentielle passée aux législatives à venir.
Sortant péniblement de la présidentielle, on peine à entrer dans ces législatives qui viennent. La gauche de gauche, vainqueur à Marseille, fut absente du second tour, mais entend tirer son épingle du jeu lors du troisième. La majorité municipale, spectatrice de la séquence, entend faire valoir son modèle d’unité transpartisane. La droite locale exsangue revendique une partie de la victoire et nombre d’investitures, mettant avant son soutien au Président. Le RN, défait et divisé, entend profiter d’excellents scores à Marseille. Les paradoxes sont partout. Et champ de bataille politique local éparpillé. Le désalignement avec le centre n’a jamais paru aussi important, mais reste dépendant des rapports de force et des accords partisans nationaux. Ceux qui ont compris tous les mots, qu’ils nous fassent comprendre, merci.
À gauche, les regards sont tournés vers les discussions d’appareils. L’Union populaire parviendra-t-elle à rallier les partis honnis ? On les croyait disparus, on les retrouve là où ils ont ont toujours excellé : dans le calcul et le découpage. On accuse d’hégémonie ceux qui portaient cette insulte depuis si longtemps et qui tiennent là leur revanche. Fallait pas commencer. Certains envisagent de substituer à l’Union populaire le modèle du Printemps marseillais en expliquant que les choses ont changé. On a cru entendre la même mélodie lors des Régionales : raisonnable et nouveau, pourquoi ne pas dupliquer à une autre échelle la réussite marseillaise. Comment tout cela se traduira dans le partage des circonscriptions, et qui saura en jouer ?
À droite, pas certain que les députés marcheurs en sortent gagnants. Les ténors ex-LR, Muselier, Vassal et Gilles, ont soutenu le Président sortant-élu contre leur camp d’origine. Et réclament pour leurs troupes un morceau de la victoire afin de l’emporter ailleurs et que le feu reprenne. Les LREM sortants ne sont pas de cet avis : « je ne suis pas les autres », semblent-t-ils dire. Abstention oblige, il ne restera que deux candidats à l’issue des premiers tours. Dans certaines circonscriptions acquises à la droite, l’affrontement se réglera dans les froids et les flammes.
En temps normal, l’extrême-droite se frotterait les mains, d’autant que sa championne a réalisé des scores records dans la ville. Mais le temps normal, c’était le temps d’avant. Les fractures de la présidentielle ne sont pas refermées et celui de la réconciliation sans doute pas venu. Or, comme le souligne Christèle Lagier, les résultats d’un dimanche d’avril ne sont pas ceux de juin. Que si tout zappe et lasse, les amours aussi passent.