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Cette semaine, la majorité municipale sortira-t-elle renforcée de la séquence électorale présidentielle-législatives ?
La photo, on l’a dit, a marqué. À l’occasion du lancement de la campagne de Mohamed Bensaada dans la 3e, on y voit, bras-dessus, bras-dessous, autour du maire Benoit Payan, Écologistes et Insoumis : Sébastien Barles, Nouriati Djambae, pour les premiers, le candidat Bensaada, sa suppléante, Bénédicte Gomis, et Hendrik Davi, pour les seconds. Postée par le groupe écologiste au conseil municipal, l’image laisse apparaître le drapeau de la FI en arrière plan. Et si le maire de Marseille est le seul à ne pas fixer l’objectif – il a d’ailleurs les yeux fermés – on devine que chacun regarde désormais vers la même direction. Cet acte manqué nous oblige toutefois à rappeler le chemin parcouru depuis deux ans.
L’image ressemble à un Printemps marseillais rêvé par ceux qui l’ont fait. Une coalition rose, verte, rouge, épaule contre épaule, pour chasser les héritiers de Gaudin. Le décor est parfait. Dans cet univers parallèle, la reconquête prend appui sur les quartiers populaires, oubliés de la place Bargemon depuis toujours pour être laissés aux mains des réseaux cliéntélaires ou du Front National.
Rien ne s’est passé comme ça. Or, la fracture des gauches durant la campagne municipale a traversé ces hommes. Une partie de la FI, derrière Mohamed Bensaada, s’est investie dans le Pacte démocratique, se heurtant au Printemps marseillais dénigrée en entreprise de recyclage des cadres du PS. Une partie des Insoumis seulement. D’autres avaient cru dans la promesse du Printemps d’intégrer toutes les composantes de la gauche, et avaient oeuvré lors de cet automne 2019 pour l’association Pacte / Printemps. En vain. Ils avaient même pour certains claqué la porte de la coalition avant l’entrée en campagne. Les Verts étaient sortis du peloton depuis longtemps, mais leur échappée s’était transformée en chasse patate. Ils sont finalement rentrés dans le rang après le vote, intégrant le gouvernement municipal. Au milieu, Benoit Payan, désigné à la vindicte par ceux qui lui imputaient sa volonté de mettre la main sur le printemps. Au coeur de l’hiver, il avait lâché l’affaire. Avant de tout reprendre, la main et les affaires, à l’issue du switch qui aura clarifié les positions et conforté chacun dans ses hypothèses.
La photo est enfin parfaite par ce qu’elle dissimule. Une absence qui se voit parce qu’elle était au coeur de la promesse du Printemps et des mises en garde de celles et ceux qui en doutaient : mais où est donc la sacro-sainte société civile sur l’image ? Peut-être est-ce elle qui fait le point pour mettre en lumière la pose parfaite des chefs de partis. Presque parfaite.