Chaque lundi, la Nouvelle société savante de Marseillologie vous propose 2 600 signes sur l’Agora de Marsactu pour évoquer l’actualité politique, économique, sociale ou culturelle de la ville.
Cette semaine, une rétrospective des votes de la ville lors des dernières élections présidentielles.
Six paquebots de croisières accueillis ce week-end et avec eux des milliers de touristes venus soulagés les commerçants. En effet, depuis le 1er avril, les dernières restrictions liées à la pandémie sont levées : les passagers peuvent visiter les escales librement, à travers des excursions organisées, en bande ou individuellement. Taxis, restaurants et autres boutiques de souvenirs vont enfin pouvoir bénéficier à nouveau du panier de ressources du croisiériste supposé être plus élevé que celui du Marseillais. Même si l’évaluation des retombées économiques de la croisière fait toujours aussi peu consensus, du côté du Club de la croisière on insiste aussi sur les emplois générés par l’activité, tandis que le Grand Port Maritime de Marseille n’a toujours pas renoncé au luxe.
Après deux ans de quasi-interruption des activités, et malgré le contexte géopolitique, ce retour des Venants venus de l’eau pour cramer la caisse est une aubaine. Avant la crise sanitaire, dans le sillage de 2013 Capitale européenne de la culture qui avait positionné Marseille sur la carte des tours opérateurs, la ville était devenue quasiment bi-millionaire en croisiéristes. L’an dernier, durement affecté par les effets de la Covid-19, « seulement » 350 000 d’entre eux étaient parvenus à passer entre confinements et passe sanitaires dans un marché mondial atone.
Le soulagement commercial des uns fait sursauter les autres : n’a-t-on pas appris du monde d’avant, celui de la destruction de la planète par l’accumulation des richesses ? La croisière n’est-elle pas l’anti-parangon des métropoles résiliantes et durables : soucieuses de penser l’hospitalité des fragiles, plutôt que l’attractivité du clinquant ? Va-t-on faire comme avant ? Polluer plus pour grappiller quelques places au palmarès des villes ? La municipalité, elle même, avait pris ses distances avec le Club de la croisière, signifiant son refus politique de soutenir une industrie écocide que les confinements n’avaient pas freinée.
Certes, comme toutes les activités polluantes, l’industrie de la croisière fait l’objet d’un verdissement important : plan escales zéro fumée, charte bleue pour lutter contre les émissions atmosphériques, projet d’électrification des branchements… La croisière représente bien le passé et l’avenir de nos capitalismes urbains : reposant hier sur le triptyque compétition- croissance-attractivité, il promet aujourd’hui de le remplacer demain par le duo transition-accueil.
Ce week-end, les rafales de mistral qui offraient un bienvenu salé aux touristes de la mer ne semblaient croire ces promesses qu’à moitié.