Les Verts, combien de divisions ?

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Cette semaine, l’annonce de la “destitution” du chef de file d’EELV aux prochaines élections régionales.

Décidément incorrigibles, les Verts ont pris l’habitude de suspendre leur chef·fe de file local·e trop porté·e sur l’unité des gauches. En octobre 2019, Michele Rubirola et Théo Challande se voyaient reprocher par la direction de leur parti leur volonté de rester au sein de ce qu’on appelait alors le Mouvement sans précédent, en dépit de la décision des militants marseillais de lancer une liste autonome. Quinze mois plus tard, rebelote et dix de der, cette fois pour le militant varois Olivier Dubuquoy, farouche opposant aux boues rouges de Gardanne, qui avait été désigné en octobre dernier, chef de file des écologistes pour les Régionales en PACA. Le bureau exécutif l’a « destitué » en raison de sa signature apposée en bas d’une tribune, lançant une initiative intitulée « Il est temps » – à ne pas confondre avec une autre tribune lançant « l’appel des 130 citoyens » – qui appelle à l’union de la gauche sur le modèle du Printemps marseillais. On trouve d’ailleurs à ses côtés, les noms des principaux architectes de la formule gagnante des dernières élections municipales : des élus du PS et de ses alliés (Place publique, Générations, Ensemble !), d’autres du PC, des syndicalistes, et tout ce qu’une tribune peut compter de militants associatifs et d’acteurs-de-la-société-civile.

Cette sanction s’explique par la profonde hésitation du parti tiraillée entre les partisans de l’autonomie et ceux de l’union des gauches. Il y a moins de dix jours, on apprenait l’adoption d’une motion préconisant un « rassemble[ment du] pôle écolo sur un texte socle de nos objectifs » préalable à l’ouverture de « discussions (…) aux partenaires potentiels susceptibles d’être écolo-compatibles ». Cette décision fut mal ressentie auprès desdits « partenaires potentiels » qui se revoyaient bien refaire le même coup qu’au printemps dernier. Même La France Insoumise s’est jointe aux voix qui regrettent la décision d’EELV et plaide « pour un rassemblement de la gauche sociale et écologique qui sorte des logiques d’appareil ».

Tous ont en mémoire le retentissant fiasco de 2015 qui avait vu toutes les formations de gauche balayées de l’hémicycle du conseil Régional laissant en tête-à-tête LR, tendance Estrosi et RN, tendance Marion Maréchal. C’est dans ce contexte que, prenant le contre-pied de la motion adoptée par EELV, son chef de file aux Régionales signe une tribune s’opposant à l’option autonomiste… s’attirant du même coup les foudres de certains de ses camarades furieux de le voir s’affranchir de la discipline collective et accusé de ne pas « rassembler ». Qui c’est les plus forts ?