La vidéo sous surveillance

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Cette semaine, les polémiques entourant la vidéosurveillance.

La visite à Marseille du Ministre de l’Intérieur et le thème de la vidéosurveillance ont été l’occasion de passes d’armes entre élus locaux et gouvernement, ancienne et nouvelle majorité, municipalité et métropole… et entre Marsactu et le Printemps Marseillais (PM).

Rembobinons. Le programme du PM – attention il fallait l’archiver car « cette page n’existe pas ou plus » sur son site internet – mentionnait la mise « en œuvre d’un moratoire sur les dispositifs de vidéosurveillance » dénonçant un outil coûteux et inefficace. Une position en rupture avec l’ère Gaudin qui avait déployé 1400 caméras et misé sur l’intelligence artificielle dans le cadre de l’opération « Safe City ». Attaqué en justice par la Quadrature du Net, le projet est suspendu par la mairie en janvier. Quelques jours avant la visite du Ministre, l’adjoint au maire en charge de la sécurité, Y. Ohanessian expliquait qu’« une caméra n’[avait] jamais arrêté le moindre voleur, et encore moins un trafic de drogue ». La visite ministérielle s’inscrit dans un classique échange de blâmes entre des élus locaux qui réclament plus de moyens policiers – alors que La Provence consacrait mercredi sa Une à l’ampleur du trafic local de stupéfiants – et exécutif qui tance les premiers pour laxisme avant de leur accorder un bataillon supplémentaire. Au cours de sa visite, nous raconte Libération, le Ministre évoque la nécessité de disposer des « moyens d’image comme dans toutes les villes de France ». Et l’adjoint de rétorquer : « J’ai autant de fonctionnaires de police qui m’expliquent que ça ne règle pas une grande majorité de problèmes ». Il ne manquait que M. Vassal à l’écran pour être au complet : la Métropole des Bouches-du-Rhône promet 1 M€ pour accompagner le développement de la vidéosurveillance. Et la ville de confirmer aussitôt son moratoire.

C’est une autre histoire que raconte Marsactu. La mairie aurait lancé un marché public de maintenance et « contrairement à ses engagements de campagnes [serait] prête à déployer de nouvelles caméras » . Alors moratoire ou redéploiement ? La révélation de Marsactu galvanise l’opposition qui s’empresse de communiquer : « face aux évidences, face à la bronca des fonctionnaires de police qui ont conspué les élus de gauche devant le ministre, la majorité a fait marche arrière. Ce revirement, c’est positif pour les Marseillais ». Et énerve l’adjoint au développement économique : « article intéressant, titre putaclic » tandis qu’un allié du PM, Place publique, précise « comme annoncé dans le programme, pas de position dogmatique mais des décisions au coup par coup ».