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Cette semaine, la création d’une « Société Citoyenne Immobilière » poursuivant, à travers l’Après-M, la lutte syndicale au MacDonald de Saint-Barthélémy.
On aurait pu parler du RN en tête dans les sondages des Régionales ou de la constitution des binômes des Départementales. Et bien non. Après être devenue durant la crise sanitaire une plateforme solidaire et distribué plus de 100 000 colis alimentaires, la lutte du MacDo de Saint-Barthélémy ne cesse de se prolonger.
Elle se transforme en « société citoyenne immobilière », client d’oeil anticapitaliste à la société civile immobilière – structure juridique qui permet à plusieurs personnes d’être propriétaires d’un bien immobilier. L’enjeu est que cette SCI « La Part du Peuple » acquiert les murs et les loue gracieusement à la Société coopérative d’intérêt collectif « Après-M »qui pourra poursuivre ses activités de restauration solidaire. Au-delà, ce qui est en jeu, c’est la pérennisation d’une initiative qui marque l’histoire du mouvement social dans les quartiers nord, et en creux, les insuffisances des politiques publiques. À l’origine, le combat des salarié·e·s de la world company pour l’amélioration des conditions de travail, puis pour la survie du restaurant devenu un lieu de sociabilité et d’entraide central dans le quartier qui aboutit à la réquisition des lieux, suite à son placement en liquidation judiciaire en décembre 2019. 77 emplois avaient été supprimés, l’objectif de la Part du Peuple est d’en salarier au moins la moitié dans un premier temps. Plus loin dans l’histoire, il faudra articuler ces mobilisations aux luttes plus anciennes, à commencer par la Marche pour l’égalité et contre le racisme partie de la Cayolle en octobre 1983. Sans négliger ce qui a animé l’entre, repenser qu’en 2013 tout le monde ne faisait pas la fête sur le J4. L’éphémère Collectif du 1er-juin créé suite à la recrudescence des règlements de compte et aux violences policières ainsi que les associations qui l’ont lancé, avant de suivre chacune leurs routes.
Contrairement à ce que la gauche aime se raconter, si ces espaces et leurs habitants ont tourné le dos à la politique, c’est surtout un dimanche de mai tous les 5 ans. L’abstention massive ne masque plus l’ébullition politique qui y règne. Cette histoire ne pourra occulter non plus les réseaux clientélaires qui y sont ancrés, ni les trajectoires complexes de certains militants associatifs parfois recrutés sur des listes, souvent instrumentalisés par les partis. Cette semaine, les sondages continueront à être publiés et la menace d’une Région entre les mains d’un admirateur de Bachar Al-Assad se fera plus précise. En attendant, la Part du peuple se cherche 50 000 adhérents – tarif unique d’adhésion fixée à 25 euros.