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Cette semaine, les ruptures et les départs qui déchirent les droites locales.
À droite comme à l’extrême-droite, on entend la vaisselle qui casse, les portes qui claquent et les coups de tête sur les nez. La grande séquence de la recomposition passe d’abord par les divisions. Le facteur national, élection présidentielle oblige, agit certes comme déclencheur, mais c’est le contexte local qui alimente depuis longtemps rancoeurs et jalousies, désormais plaies ouvertes.
La dissidence au sein de Les Républicains n’était plus latente depuis les dernières municipales lorsque Bruno Gilles avait contesté la tête de listes à Martine Vassal et n’avait pas voulu rentrer dans le rang après sa désignation par les instances du parti. L’ancien boss de la fédé, survivant d’une greffe de coeur, maire de secteur déchu par le Printemps, avait fini par retrouver le chemin de sa famille politique. Mais les tensions avec l’appareil national ne s’étaient pas apaisées pour autant. Son ralliement à Horizons, le nouveau parti fondé par l’ancien premier Ministre, Edouard Philippe, a peu surpris. Réconcilié avec son ancien patron, Renaud Muselier, et même avec la présidente du département et de la Métropole, Martine Vassal, il pourrait œuvrer à leur atterrissage dans le giron macroniste élargi, alors que leur silence à l’approche de la présidentielle interroge. De son côté et sans attendre, le maire du 9-10, vice-président LR des Bouches-du-Rhône, Lionel Royer-Perreault a fait savoir qu’il rejoignait la majorité présidentielle, critiquant la campagne de Valérie Pécresse et louant le plan « Marseille en grand » du Président de la République. À Marseille, l’avenir de la droite, il y a si peu hégémonique, ne tient plus qu’à un fil.
À l’extrême-droite, la décomposition est moins confuse, mais plus incertaine. Son chef de file local n’a jamais caché son malaise face à la stratégie dite de dédiabolisation entreprise par Marine Le Pen, ni sa filiation avec le FN de Jean-Marie Le Pen. L’irruption d’Eric Zemmour dans la campagne présidentielle combinée à son échec lors des dernières municipales ne pouvait que secouer l’appareil local du RN. Ravier, unique sénateur du parti, est désormais en conflit ouvert avec sa direction nationale. Les étourdi·e·s pourront relire le récit de cette soirée lunaire de jeudi dernier lorsque 200 militant·e·s, partisans ou opposants, s’étaient massé·e·s pour écouter le chef annoncer son départ du bureau national. Chacun attendait la suite : son ralliement à Reconquête, qui devait finalement intervenir hier. Avec des conséquences considérables, moins pour la campagne présidentielle, que pour les recompositions de l’extrême-droite à Marseille.