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Cette semaine, la visite de 3 jours du Président de la République ponctuée par le dévoilement de son plan « Marseille en Grand ».
« Marseille est de retour » souriait Benoît Payan à la sortie du discours fleuve du Président de la République au Pharo rendu clair-obscur par le passage d’une averse. Comme une allégorie (de quoi ?), celle-ci a coupé la sono, contraint les enfants du premier rang à se réfugier et les journalistes du dernier rang à se planquer sous la table. « Marseille de retour », vraiment ? C’est plutôt l’État qui est revenu et le fait savoir. Sur les séquences de la visite, d’abord, et les « urgences » pointées par les annonces présidentielles, ensuite, les édiles ont été tancées et les pouvoirs locaux fustigés. Le milliard attendu est à peine atteint et demeure loin des besoins évalués.
En ce qui concerne la sécurité, le Président de la République a sans surprise fermé la porte au débat sur la dépénalisation du cannabis pourtant réclamé par une partie de la majorité. Et alors que cette dernière avait inscrite dans son programme le moratoire sur la vidéo-surveillance, Emmanuel Macron a annoncé le financement de 50 caméras dans les quartiers Nord. Une pierre dans le jardin du Printemps marseillais qui ne rassurera pas davantage les policiers (la ville compte près de 1 500 caméras sans que leur efficacité soit à ce jour démontrée). Le paradoxe de ce discours est que, malgré son caractère fleuve, chacun a retenu les silences et les absences : sur les écoles ? du réchauffé ; sur le logement et la lutte contre l’habitat indigne ? rien ou si peu ; sur les transports ? idem ; sur la transition écologique ? nada. De longs développements en revanche sur la culture à travers l’industrie cinématographique local ou le « rêve méditerranéen » saupoudrés d’envolées sur le « laboratoire » marseillais qui servira d’expérimentation à la reconquête électorale et néolibérale du pays – à travers l’autonomie des écoles ou l’accent mis sur l’entrepreneuriat dans les quartiers populaires. L’accent mis sur la volonté d’accélérer paraît même lunaire quand le diagnostic partagé reste que tout est à inventer et surtout pas ce qui a été fait.
On pourrait poursuivre la litanie des mesures annoncées et des financements promis, mais au final, comme le relève Marsactu, c’est surtout Marseille qui est placée « sous surveillance ». Si Martine Vassal en prend pour son grade, ce sont les « chicayas locaux » qui sont mis à l’index par un chef de l’Etat, faussement bienveillant et carrément paternaliste, quand il promet de revenir pour vérifier que les engagements qu’il a pris seront tenus par ceux à qui il s’adressent. Une drôle de conception d’un Marseille en Grand, une certaine idée d’un retour de l’Etat.
Photo : © Guillaume Horcajuelo/Pool via REUTERS