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Cette semaine, la présidente de la Métropole et du département repart en campagne.
Les voeux à la presse de Martine Vassal ont rappelé ce paradoxe noué à l’issue de la dernière municipale : la principale battue de cette élection – dans son secteur, fief de la droite, et à l’échelle de la ville – fut aussi sa principale gagnante. Sortie confortée à la tête de la Métropole, son mandat de présidente du conseil départemental est remise en jeu en juin si les conditions sanitaires le permettent. Assise sur les 7,2 Mds €qu’elle gère depuis ses deux institutions (4,4 Mds pour la Métropole ; 2,8 pour le département), parviendra-t-elle à conserver ces pouvoirs cumulés ; et surtout qu’en fera-t-elle alors qu’elle est engagée dans la seconde cohabitation métropolitaine de la brève histoire de l’agglomération marseillaise (après celle de 2009 à 2014, alors que la municipalité Gaudin devait faire face à une Communauté urbaine et un département socialo-guérinistes) ?
Le contexte est tendu. La crise sanitaire a déstabilisé la puissante machine départementale supposée être la main gauche du pourvoir territorial en raison de ses compétences en matière de cohésion sociale et de politiques de solidarité. Le budget 2020 adopté lors du Premier confinement avait été marqué par un emprunt record (550 M€, près du double du chiffre de 2017). Si la dette coûte peu cher en raison de la faiblesse des taux d’intérêt, que dire du coût engendré par la pandémie (environ 220 M€ cumulés pour les deux institutions) et accentué par le rôle d’amortisseur social du conseil départemental ? Sans parler des aides aux entreprises accordées depuis le printemps dernier, avant l’adoption du plan de relance et alors que l’ampleur des compensations accordées par l’exécutif sont encore incertaines.
En campagne « du 1er janvier au 31 décembre » comme elle l’admet, la voilà réconciliée avec Bruno Gilles pour compter sur l’union de la droite. Elle mettra en avant sa « politique du ventre » à travers les aides aux communes. Et soulignera que le bateau bleu n’est pas qu’un guichet, mais aussi une instrument du contre-pouvoir territorial face au gouvernement. C’est ainsi qu’elle rencontrera la semaine prochaine le Premier ministre pour recevoir un chèque de 3,6 milliards d’euros sur 2 ans. Lors de ses voeux à la presse, enfin, elle n’a pas manqué de tancer le nouveau pouvoir marseillais sur les enjeux de sécurité, en se déclarant « open » (sic) à soutenir financièrement la ville pour renforcer un système de vidéosurveillance sur lequel le Printemps marseillais a décidé un moratoire. Après les élections municipales (perdues) et les intercommunales (gagnées), une manière de lancer la belle.