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Cette semaine, les fractures institutionnelles révélées lors des conseils de territoire et métropolitain de mardi et jeudi dernier.
La seconde ère de la cohabitation métropolitaine – après la période 2008-2014 – a donc finalement commencé. Le réchauffement des positions a sans doute à voir avec le switch de décembre qui a vu B. Payan succéder à M. Rubirola peu encline à croiser le fer politico-institutionnel. Les séances du conseil de territoire Marseille-Provence (subdivision qui correspond aux frontières de l’anciennes intercommunalité) puis du conseil métropolitain cette semaine ont été l’occasion d’une première véritable mise à l’épreuve des conflits territoriaux.
Dans le cadre du plan France Relance, la Métropole espère se voir co-financer 185 projets pour un montant de près de 4 Md€. Le maire de Marseille, qui répète pourtant sa volonté « d’aller chercher l’argent avec les dents », repousse cette bouchée financière, reprochant à la présidente de la Métropole son manque de concertation. Entre deux étranglements, la majorité LR joue la carte de la distribution des compétences : ce « contrat métropolitain » portant sur des compétences métropolitaines, le maire d’une commune n’a pas à se prononcer. Et puis, résume M. Vassal, mêlant caricature et malice, « l’Etat nous propose de l’argent, prenons-le ». De toutes façons, argue-t-on, seuls les projets murs et déjà dans les tuyaux peuvent espérer rafler la mise. Sous-entendant, le temps de la concertation n’est plus, l’heure est à l’urgence ; et soulevant au passage, de sérieux doutes sur les contours du monde d’après qui financent les projets d’hier. Sur la mobilité ou la transition écologique, l’opposition ne dispose ni des compétences, ni des moyens pour mettre en œuvre son programme. C’est ce que reconnaissait le maire de Marseille lors du conseil métropolitain : « Ce qui nous est présenté ici, ce n’est pas le projet pour lequel nous ont élus les Marseillais ».
Voilà résumé le problème démocratique posé par le découplage entre le territoire d’élection – la commune – et le territoire de l’action publique – la Métropole. « Ici », ce n’est pas le conseil municipal, c’est cet « ailleurs » qui résonnera étrangement lorsqu’il questionnera ses collègues : « qui d’entre vous accepterait qu’on vous impose des choix qui viennent d’ailleurs ? » Pense-t-il au siècle passé de l’impossible construction du pouvoir d’agglomération qui a vu les tentatives d’instaurer un « Grand Marseille » être sans cesse repoussées par cette république départementale des « petits maires » ? Un Grand Marseille accusé de vouloir imposer des choses qui viennent d’ailleurs ? Un retournement de situation historique qui lance pour de bon la guerre territoriale attendue.