Combien est votre blanquette ?

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Cette semaine, le déjeuner entre le maire et le Président.

Emmanuel Macron a partagé sa blanquette avec Benoit Payan mercredi dernier. Au menu, la crise sanitaire mais aussi les difficultés financières d’une ville contrainte et engagée à investir massivement dans ses écoles et son habitat indigne. Le premier magistrat est sorti rassuré du rendez-vous élyséen : « On a beaucoup parlé des écoles, un sujet sur lequel j’ai mis le chiffre de un milliard d’euros sur la table ». On ne sait pas si ce montant a été ramassé. Si le Président de la République a répété son attachement à Marseille, B. Payan est reparti en lui réclamant des « preuves d’amour ». 

Pourtant, ce rendez-vous n’a rien d’une faveur : le maire de Montpellier a eu droit à son repas du faubourg Saint-Honoré le mois dernier et la maire du Nantes a goûté les mets de Matignon. Que signifient ces rencontres ? Une bien curieuse pratique de la décentralisation d’abord, alors que se précisent les contours d’une réforme territoriale, dite « loi 4D » qui renforce la décentralisation à la carte. De tout le pays, on continue de se presser dans un 8e arrondissement où on ne voit pas la mer, et en attendant que l’huissier appelle, on triture son chapeau entre des mains qu’on devine moites pour négocier l’argent et la considération nationale. Un esprit de cour qu’ils appelleront contractualisation. Un sur-mesure territorial qui dépend de la capacité des édiles à convaincre ou de l’attachement du Chef à telle ou telle de ses provinces. 40 ans après l’adoption des lois Defferre, la décentralisation n’a jamais autant parue une affaire parisienne.

Pour B. Payan, il faut bien contourner le carcan territorial et son effroyable isolement en allant chercher au centre les ressources auxquelles il ne peut plus accéder au local. Quand  Le Parisien évoque un « appel à l’aide », le maire réclame au micro de RTL la « solidarité nationale », regrettant que sa ville « soit peut-être la grande ville de France la moins bien dotée ». Une Marcheuse marseillaise, sans doute bien introduit au Palais, croit savoir qu’une « structure spécifique associant la ville et l’Etat » serait chargée de résoudre le problème de l’état des écoles. Si cet affichage d’un partenariat public-public rompt avec le PPP honni de l’ère Gaudin, il peut aussi annoncer un établissement public qui, à l’instar des politiques d’aménagement (avec Euroméditerranée) ou de l’habitat indigne (avec la SPLA-IN), signifie une tutelle de l’Etat sur les résidus de compétences municipales. De la décentralisation à la solidarité nationale, de la solidarité à la tutelle, comment avez-vous trouvé la blanquette finalement M. le maire ?