Départementales : élection négligée, scrutin clé

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Cette semaine, les rapports de force à 2 semaines du 1er tour des départementales.

Personne n’a compris la mécanique des alliances d’appareils, mais chacun a désormais bien perçu l’enjeu du scrutin régional : la possible prise de pouvoir du Rassemblement national mené par celui qui qualifie de « sympathique » l’engagement passé bras tendu de son directeur de campagne, et d’« idées fermes et affirmées » l’authentique fascisme des identitaires niçois. Le 20 juin prochain, les électeur·ice·s éliront en même temps que leurs conseillers régionaux, leurs conseillers départementaux.

Pas de scrutin de liste ici, mais une configuration qui s’apparente aux élections législatives ou présidentielles, à ceci près que des binômes paritaires se soumettent au suffrage. C’est donc 29 mini-scrutins qui auront lieu dans le département pour 58 élu·e·s et une majorité absolue fixée à 15 cantons (30 conseillèr·e·s). Martine Vassal, la présidente sortante, qui dispose de 33 sièges, remet son mandat en jeu. Paradoxe ordinaire de la démocratie locale : détenant les clés de la puissante métropole, son cumul permet à la grande battue des dernières municipales de dominer sur un large pan de l’action publique territoriale.

Soutenue par la droite au-delà de la droite, elle devra faire face à une gauche, débarrassée de Guérini, et plus unie qu’il y a 6 ans, puisque regroupant PCF, EELV et PS, mais sans chef·fe de file désigné·e. Le Rassemblement national aura plus fort à faire qu’aux Régionales tandis que LFI confirmera qu’un mouvement gazeux est plus efficace pour préparer une présidentielle que pour remporter des scrutins locaux. Quant à LREM, elle est réduite à la portion congrue et tentera de faire moins pire que prévu (les attentes sont modestes).

Les élections se suivent et se ressemblent : on n’y parle un peu de tout, pas mal de rien et surtout pas de programme. Ces derniers ne sont pas dévoilés à ce jour et les discours portent rarement sur les compétences (ici, les affaires sociales), mais plus volontiers sur l’immigration et la sécurité. On voit (un peu) davantage Martine Vassal déambuler dans les villes et villages de Provence pour manifester sa politique des « aides aux communes » (150 M€ distribués chaque année pour financer les projets des maires). Suffisant pour conserver la présidence du département ? En l’absence de sondage, on navigue à l’aveugle. Une victoire de la gauche bouleverserait l’équilibre politique territorial. La droite se replierait sur la Métropole tandis que la mairie de Marseille disposerait d’un puissant allié. Et si ces départementales négligées détenaient finalement la clé de la recomposition durable du champ politique marseillais ?