Régionales : élus sans électeurs, gagnants sans victoire

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Cette semaine, le second tour des élections régionales 

Mais quel décalage entre ces scores de légitimation faméliques et la mise en scène si peu sobrement « étoffe des héros » de l’arrivée du Président-élu et son aréopage de soutiens et de militants survoltés. On s’attendait presque à un craquage de fumigène. Décalage aussi avec ce discours de victoire où avoir pris soin de remercier J-L Félizia, J-M Governatory, B. Tapie, N. Sarkozy, Y. Arthus Bertrand, Y. Jadot et C. Jacob (dans l’ordre d’apparition, liste exhaustive), il rend hommage « aux élus, parlementaires, représentants du monde de la culture, du monde économique, de la société civile dans son ensemble, comme de tous les courageux anonymes qui ont rendu cet appel massif ». Je souligne : massif ?! Et en conclusion « Je veux m’adresser à nos 5 millions de concitoyens : vous vous êtes déplacés pour voter aujourd’hui (sic), mais votre tâche n’est pas terminée ». 

Les abstentionnistes se sont à nouveau abstenus. Entre les deux tours de ces élections régionales, la participation n’aura « bondi » que de 4 points (38 contre 34). R. Muselier (LR) aura réalisé sa petite remontanda en l’emportant finalement assez confortablement dans son duel avec T. Mariani (RN) (56/44), soit 21% des inscrits. Il avait un peu plus de 50 000 voix à rattraper et il le devance de 13 000 voix.

Bien sûr, R. Muselier n’est pas le seul à faire comme si. Sur les plateaux télés et face aux micros tendus, on se félicite et / ou on se projète vers la mère des batailles, la Présidentielle, chacun avec ses calculs et ses projections. Bien sûr, rien n’est plus délicat que d’étudier l’abstention, que les luttes d’interprétation feront encore rage cette semaine et qu’il faudra plus que jamais séparer le farfelu du stimulant.

Il sera alors temps de discuter du « front républicain ». Et d’abord, du réflexe des uns pour sauver l’essentiel. Selon les estimations, R. Muselier aurait emporté 630 00 voix environ soit l’addition de son score du premier tour (360 000), avec celui de la liste conduite par J-L Félizia (195 000) et de J-M Governatori (61 000). De là à conclure, qu’il a réalisé le plein de voix chez ces électeurs de gauche, évidemment non. électeurs ou abstentionnistes de second tour, mais tous seront frustrés devant ce futur hémicycle qui ressemblera à s’y méprendre au précédent dans une configuration politique pourtant chamboulée. Droite face à l’extrême droite et toujours en l’absence de tout représentant des gauches et des écologistes. 6 ans de plus pour un total de 12, série en cours, car cette absence pèsera encore plus lourd en 2027. Y aura-t-il encore des électeurs pour voir cela ?