La grève des éboueurs a-t-elle perdu son avenir ?

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Cette semaine, la grève et sa fin, définitive ?

La grève des éboueurs de Marseille n’est plus un marronnier, c’est le jour de la marmotte. Le ballet se joue à trois : les organisations syndicales, la Métropole, l’opinion publique locale. Chacun connait sa partition : 

  • « exercer un métier pénible, devoir le subir une à deux heures de plus chaque jour et perdre 3 semaines de congés par an. Comment ne pas se mettre en grève et en colère ? » ; 
  • « privilégiés d’un système hérité, enfants gâtés du defferrisme et de la co-gestion ». 

Et les gimmicks bien qu’usés jusque’à la corde continuent de résonner : clientélisme, gâches, fini-partis.

En juin dernier, Stéphanie Marteau et Gilles Rof dans Le Monde expliquaient pourquoi la gouvernance de la collecte des ordures ménagères était parvenue à un point de rupture, pour des raisons conjoncturelles (la  mise en œuvre de la réforme du temps de travail) et structurelles (l’essoufflement des organisations syndicales qui cessent d’être des interlocuteurs crédibles vis-à-vis des bases et des autorités politiques). Trois mois plus tard, la grève est déclarée. Elle était annoncée depuis 10 jours et les annonces de Martine Vassal relatives à l’harmonisation du temps de travail des agents. La bombe sociale amorcée, plus rien ne pouvait l’arrêter.. La grève reconductible s’annonçait longue, d’une « ampleur inédite » s’avançaient certains, et déjà les immondices s’entassaient alors que le « bras de fer » était à peine entamé.

Et puis, patatras. On apprenait en pleine conseil municipal qu’un accord était conclu. Les agents de la propreté de la Métropole devront travailler un peu plus qu’avant mais moins que les 35 heures prévues par la loi. Faisant valoir la pénibilité de leur activité, conformément à la loi, les grévistes ont obtenu une réduction de 9,5% de leur temps de travail – quasiment le double de la proposition initiale de la Métropole qui a fini par céder sur quasiment tous les points demandés par les syndicats. Les détails de l’accord sont complexes : monétisation des congés, compensation financière, durée de travail journalière, spécificités au sein du territoire… Pour l’heure, la CGT ne se dit pas complètement satisfaite de l’accord au contraire de la puissante FO et du vice-roi Patrick Rué. Il faudra peut-être encore un peu de temps avant que les rues de la Métropole ne soient complètement nettoyées. Il en faudra certainement encore davantage pour tirer les enseignements de ce conflit. Sa résolution rapide marque-t-elle un tournant ? Et avec lui la fin du fini-parti, des gâches, de la co-gestion et du clientélisme ? Marseille vient-elle de perdre son gimmick détesté ?