Et le Palais Bourbon s’est (re)mis à parler à marseillais

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Cette semaine, l’adoption des dispositions aixo-marseillaises de la loi 3DS.

Ce titre est identique à celui d’un billet de blog aujourd’hui défunt et qu’on tenait jadis – ressuscité ici pour l’occasion. Le 20 juillet 2013, l’Assemblée nationale examinait l’article 30 du projet de loi qu’on appellerait MAPTAM. Il devrait créer la Métropole Aix-Marseille Provence qui remplacerait l’ensemble des intercommunalités existantes et disposerait de compétences étendues. On s’interrogeait alors sur la mise en œuvre de cette créature institutionnelle dans un territoire marqué par les rivalités historiques des pouvoirs d’agglomération. Le gouvernement d’alors avait choisi une méthode de rupture : la nomination d’un préfet à la tête d’une mission dédiée à la préfiguration de la métropole ; des groupes d’experts mettant à distance les élus ; et enfin la loi. Cette dernière devait cependant donner la parole aux élus locaux puisqu’on n’avait pas encore supprimé le cumul des mandats : Dominique Tian, Patrick Mennucci, Henri Jibrayel, Jean-David Ciot, tous aujourd’hui déchus, par la défaite électorale ou la mise en cause judiciaire (ou les deux). À l’époque, écrivions-nous, « les positions étaient davantage le produit des divisions spatiales (Aix et les « maires » contre Marseille) que partisane » et chacun de réciter le jeu de la peur du monstre métropolitain incarné par l’ogre marseillais. 

8 ans et demi plus tard, l’hémicycle fut à nouveau transformé en arène des controverses métropolitaines marseillaises. Malgré un paysage refondé, on a cru apercevoir des traits de permanence comme un remake d’eternal sunshine of the spotless mind signé par Guédiguian. Certes, les voix rocailleuses des députés socialistes d’alors sont remplacées par les interventions plus techniques de députés du nouveau monde. Et puis, le gouvernement a pris soin de n’accorder qu’une fenêtre de deux heures et demie au débat marseillais, retenant la leçon de l’an 13. Les plus courageux ont tout de même du s’accrocher pour suivre le cheminement de ces propositions de sous-amendements à l’article 56.  

On attendra pour connaître les effets durables de la réforme. On retiendra de ce débat qu’il fut mené à front renversé : les élus marseillais y font feu de tout bois pour récupérer des compétences transférées à la Métropole et détricoter un processus d’intégration dont ils étaient les plus patients artisans. Est-ce un effet de la cohabitation métropolitains ? Ou un révélateur de l’échec historique de la mise en œuvre de l’intercommunalité sur l’aire marseillaise dans laquelle la mouture Hollande viendrait buter sur les mêmes obstacles que ses devancières (lois de 1966, 1999, 2010…) ?